Suzanne : le grand écart bouleversant de François Damiens

De Pauline

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Présenté en ouverture de la Semaine de la Critique lors du dernier Festival de Cannes, Suzanne est le récit d’un destin qui bascule ; celui d’une adolescente qui prend la mauvaise route pour des raisons intangibles. Et noircit du même coup le tableau d’une famille déjà fragilisée, sous le regard désœuvré de son père, incarné par François Damiens.


Ce n’est pas de prouesse technique dont il s’agit - François Damiens n’a pas la souplesse de son compatriote JCVD - mais de performance tout en finesse. Au casting de Suzanne, actuellement sur nos écrans, c’est depuis sa cabine - et non entre deux bolides - que l’acteur nous en met plein la vue.
Il incarne un chauffeur-routier qui élève seul deux petites filles avec l’amour maladroit d’un père veuf.


Suzanne (Sara Forestier), la plus âgée, devient mère trop jeune, sans formation professionnelle et sans père pour son enfant. La cadette, Maria (Adèle Haenel) trouve quant à elle sa voie dans le métier de couturière, prend un appartement à Marseille et gère sa vie avec maturité.
Père et sœur tentent en vain de retenir Suzanne du gouffre dans lequel elle s’apprête à glisser en rencontrant Julien (Paul Hamy), un petit malfrat dont elle tombe folle amoureuse, jusqu’à perdre la raison.

Si les prestations d’Adèle Haenel et Sara Forestier (révélée par L'Esquive, du controversé Abdellatif Kechiche) sont tout simplement irréprochables, c'est la figure paternelle de François Damiens qui m'a le plus bouleversée dans ce récit. Même avec une chevelure généreusement fournie au début du film, il s’illustre par un naturel désarmant. Une bonté tout en retenue qui émeut aux larmes. Aux antipodes de l’Embrouille, son jeu est criant de vérité.

Quant à la réalisatrice française, Katell Quillévéré, elle exploite avec subtilité et juste ce qu’il faut de pudeur les péripéties d'une famille à la dérive, sans jamais basculer dans la facilité. Elle parsème le film de scènes rafraîchissantes, fait entrer la lumière dans cette histoire sombre, joue sur le non-dit, préférant suggérer ce qui fait chacun de ses personnages plutôt que de prendre le spectateur par la main, ce qui lui donne toute sa grâce et son rythme.
Chef décoratrice de formation, Katell Quillévéré illustre littéralement son souci du détail en évoquant les 25 années durant lesquelles se déroule le récit à coups de clins d’œil qui n’ont pas échappé à l’enfant des années 80 que je suis.

P. DB

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