Quand la mode rend fou

Info | Existe-t-il un lien entre créativité et folie ? Dans le monde de la mode, les personnalités excentriques sont légion. Les prestigieux créateurs ne laissent personne indifférent, que ce soit par leur inventivité, leur prise de position ou leur attitude provocatrice. Lorsque les excès brisent les limites de l'acceptable, le génie se donne parfois la mort.

De Pickx

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Existe-t-il un lien entre créativité et folie ?  Dans le monde de la mode, les personnalités excentriques sont légion. Les prestigieux créateurs ne laissent personne indifférent, que ce soit par leur inventivité, leur prise de position ou leur attitude provocatrice. Lorsque les excès brisent les limites de l’acceptable, le génie se donne parfois la mort. En 2011, John Galliano s’est fait exclure de la maison Dior en raison de ses propos antisémites. En 2010, le fascinant créateur Alexander McQueen a mis fin à sa vie, réanimant le débat : la mode rendrait-elle fou ?

John Galliano

Eduqué dans la ferveur religieuse catholique, John Galliano a des origines familiales italiennes et espagnoles. Il étudie la mode dans l’une des écoles les plus réputées de Londres, Saint Martins College of Art and Design. Il lance sa propre griffe en 1984. Mais Paris l’attire, et il s’y installe des 1990. Peu à peu, les clients prestigieux lui commandent des tenues. Son talent se fait jour et il entre chez Givenchy.  In 1996, c’est la consécration chez Dior.  Inspiré par le travail du biais de Madeleine Vionnet, Galliano développe sa propre technique et son style s’affirme : voluptueux, baroque, empreint de théâtralité et de références historiques. Le scandale éclate en 2010 et se reproduit en 2011 : John Galliano ivre, agresse verbalement des gens sur une terrasse de café. La maison Dior met fin à son contrat. Reconnu coupable d'avoir proféré des injures antisémites lors des deux altercations, il est condamné à 6 000 € d'amende avec sursis. Par la suite, il portera plainte contre son avocat pour abus de confiance aggravé et il entrera dans une clinique pour soigner ses dépendances. Aujourd’hui, Galliano continue ses créations, visibles sur son site : http://www.johngalliano.com/

Christophe Decarnin

Cet ancien élève d’ESMOD à Paris a commencé comme chef styliste du prêt-à-porter chez Paco Rabanne. Très vite, il devient le conseiller que plusieurs maisons de couture s’arrachent. A la tête de la création chez Balmain en 2007, il parvient à faire exploser le chiffre d'affaires de la marque. Ses créations audacieuses pour Balmain ont suscité un tel engouement qu’on parle de « balmania », en faisant référence à ses vêtements sexy, punk, parfois trash, et très chers, dont le symbole reste la veste à épaulettes. Les mauvaises langues prétendent que son niveau de créativité a baissé en deux ans, et qu’il n’arrive pas à se renouveler. Quand le créateur refuse de saluer lors de son défilé, automne-hiver 2011-2012, la réalité affleure : trop de pression, dépression. Decarnin aurait séjourné dans une clinique psychiatrique, pour des raisons floues, mais on soupçonne diverses assuétudes.

Alexander McQueen

Comme Galliano, McQueen fait ses armes au Saint Martins de Londres et succède à Galliano chez Givenchy (1996-2001). Il est le symbole du génie créatif, du créateur de mode dont les stars s’arrachaient les créations : Lady Gaga ne s’en est d’ailleurs pas privée dans ses clips et sur scène, arborant par exemple des chaussures de mutante, quasiment importables signées McQueen. On se souvient de ses robots sur le catwalk (1998), de ses collections rebelles, visionnaires, comme The Origin of Species (2010).

Découvert par Isabella Blow, McQueen est devenu son ami et confident. Lorsque Blow s’est suicidée, le créateur a sombré dans la dépression et succombé à diverses substances. Enfin, le décès de sa propre mère, a sans doute accentué son mal-être.  Il s’est donné la mort le 11 février 2010 à Londres, la veille des obsèques de sa mère.

http://www.alexandermcqueen.com/

Isabella Blow

Cette Anglaise de bonne famille avait le pouvoir de faire ou défaire des carrières, et surtout, de dénicher des talents : Alexander McQueen (dont elle achète la première collection), Philip Treacy, le photographe Juergen Teller, les mannequins Sophie Dahl et Stella Tennant.  Durant des années, c’est Isabelle Blow régnait sur le royaume des rédactrices de magazines, un peu comme Anna Wintour en version déjantée.  On la respectait pour ses choix esthétiques, avant-gardistes, ses prises de position dans Tatler. Plusieurs fois, Blow a tenté de se suicider par overdose ou en se jetant d’un pont. On sait qu’elle était bipolaire, et qu’elle avait suivi un traitement, dont des électrochocs. Cette instabilité mentale avait des racines remontant à la petite enfance : la mort d’un jeune frère, le pensionnat suite à  l’abandon par la mère, le suicide du grand-père…  Enfin, atteinte d’un cancer, la papesse de la presse fashion a décidé d’avaler du désherbant pour en finir avec le drame de sa vie.

Anna Dello Russo

Anna est folle de mode et cela se voit ! A chaque apparition, lors d’un défilé, les regards se tournent sur elle. Grande folle de plumes, d’ors et de talons vertigineux, Anna collectionne les tenues des plus grands noms, avec un faible pour Balmain et Valentino. On raconte qu’elle a loué un appartement climatisé pour y loger ses incroyables robes couture et les innombrables accessoires qui composent son musée privé. Eclectique, sexy et extravagante, elle incarne l’Italienne mature, au goût personnel. Si sa maison brûlait, elle dit qu’elle sauverait ses chaussures (4000 paires tout de même) ! Lady Gaga est son idole, elle l’imite dans un clip vidéo tourné en son honneur.

Marc Jacobs

Calmants, alcool, drogues : le cocktail fait des dégâts au sein des fashion people. On songe à Calvin Klein, à Donatella Versace et à Marc Jacobs, qui a réussi à se sortir d’une profonde dépendance aux drogues. Grâce au soutien de ses proches, dont Anna Wintour et Naomi Campbell, le créateur américain a pu se soigner dans une clinique spécialisée en 1999. Il a confié au Sunday Times : "Je suis sûr que mes problèmes sont bien antérieur à ma célébrité. Enfant, je pensais qu'être cool c'était avoir un côté sombre et prendre de la drogue".  Après quelques complications de santé, Marc Jacobs a opté pour un régime drastique de jus de légumes verts et d'herbe avec du gingembre.

Karl Lagerfeld

On le surnomme le Kaiser de la mode ! L’icône de la maison Chanel et le styliste de la griffe Fendi, c’est lui. Karl a ses petites manies qu’on ne verrait plus à force, si on n’y faisait attention : cheveux poudrés à l’ancienne, éventail, col amidonné, lunettes noires vissées sur son nez, régime ultra strict, mitaines au poing… Dans le documentaire “Lagerfeld Confidential” l’homme se dévoile, par petits bouts. On le sait perfectionniste, on le dit aussi maniaque, égocentrique. Il a partagé les mêmes amants que son ancien rival, Yves Saint Laurent et a rêvé de gloire avant de l’atteindre. Qu’il collectionne les livres (300.000 pièces), le mobilier ancien ou les châteaux, Karl va jusqu’au bout de son obsession. Lors d’une interview pour le magazine Vice, le Kaiser a confirmé qu’il est une sorte d’autiste surdoué, comme le lui suggérait le journaliste évoquant le syndrome d’Asperger.

Yves Saint Laurent

Lancé à la tête de la création chez Dior en 1957, Yves Saint Laurent a marqué l’histoire de la mode. Ses vêtements figurent dans les plus grands musées et ses muses célèbres évoquent son nom, la larme à l’œil. Il avait l’allure d’un jeune éphèbe, l’élégance d’un génie, mais aussi des facettes sombres. Sa vie nfut traversée de tempêtes et de marées: alcool, dépression, internement psychiatrique. Avec son ami, amant et partenaire Pierre Bergé, le créateur a lancé sa propre griffe, YSL. Dans sa biographie Mauvais garçon, l’auteure, Marie-Dominique Lelièvre Saint Laurent, écrit : "Yves Saint Laurent a commencé à aller mal à partir des années 1976-1977. On a alors fabriqué un personnage: l'artiste foudroyé par son génie. Je ne crois pas au génie. (…) Pierre Bergé a dit : "Yves Saint Laurent est né avec une dépression nerveuse." Le médecin que j'ai vu conteste ce diagnostic. Le dépressif n'a pas d'énergie. YSL avait une énergie considérable."

Elsa Schiaparelli

Née en 1890, Elsa a des origines italo-égyptiennes. Elle mène grand train et épouse un aristocrate, Wilhelm de Wendt de Kerlor, rencontré à Londres en 1912. Son style flamboyant a marqué les annales de la mode, et son rose shocking est un classique. Amie de grands artistes, Alberto Giacometti, Salvador Dali et Jean Cocteau, elle s’inspire du surréalisme dans ses créations : en témoigne le homard de Dali sur l’une de ses robes et ses recherches esthétiques sur le détournement de fonction des objets (l’escarpin devenu chapeau). En 1936, son parfum Shocking au flacon en forme de torse féminin moulé d'après Mae West fait scandale.

http://www.schiaparelli.com/

Marchesa Luisa Casati

La marquise Luisa Casati était la muse de Schiaparelli. Casati faisait partie des célébrités du début du 20e  siècle, elle était connue pour son extravagance. Son crédo : être une œuvre d’art. Plus encore, Casati s’est employée à devenir le mécène de grands artistes. Elle n’hésitait pas à porter des serpents à son poignets ou à promener ses panthères dans les rues de New York ! Mauvaise gestionnaire, elle est morte dans le dénuement. La maison de mode Marchesa voulait rendre hommage à cette forte personnalité qui a inspiré John Galliano, Alexander McQueen et Tom Ford.

http://www.marchesacasati.com

Stars, génies et étoiles filantes

Le monde des arts regorge de personnalités célèbres pour leur génie et leur… brin de folie. Certaines stars du show bizz paraissent légèrement allumées, comme Lady Gaga, qui se voit et de pense comme une œuvre d’art, ou Kurt Cobain, qui commit l’acte ultime : le suicide, après avoir obtenu un succès mondial avec ses disques. Parmi les actrices, Marilyn Monroe brille dans le firmament des étoiles dont la vie a été brûlée, comme celle de James Dean.  L’écrivaine Virginia Woolf ou le peintre Vincent Van Gogh ont eux aussi marqué l’histoire par leur œuvre et mit fin à leur vie de manière tragique.

Des études scientifiques ?

Le lien entre créativité et folie a fait l’objet de nombreuses études dans le monde scientifique. J. Philippe Rushton, Philippe Brenot ou Kay Redfield Jamison se sont penché sur une forme de créativité qui serait proche de la psychose. D’autres chercheurs comme Elie Hantouche et Régis Blain établissent un rapport entre les alternances de l'humeur (la cyclothymie) et la créativité.

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