Le goût des myrtilles, à la cueillette du bonheur

Cinéma | Certains films vous emmènent loin du bruit et du tumulte, vous font décoller et permettent de toucher la réalité d’une façon insoupçonnée. "Le goût des myrtilles" est un voyage sensuel au fond d’une forêt touffue. Il a le goût de l’enfance, l’odeur de l’humus, on y capte le bruissement des feuilles dans les sous-bois et le clapotis de la rivière. Les voix des vivants et des morts, du passé et du présent s’y croisent, comme autant de strates dans la grotte où Michel se perd.

De Valérie

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Piccoli, un testament
Michel Piccoli offre à ce personnage nonagénaire un immense engagement, comme une volonté de laisser un testament. "Du bonheur, j’en ai eu mais je voudrais savoir comment le garder", dit-il. C’est l’un des plus beaux films qu’il a tourné, confiait l’acteur très ému, lors de sa venue à Bruxelles, le 11 octobre face à un public captivé.

Lenteur et dilution
Il y a plusieurs façons de raconter une histoire, celle-ci touche au réalisme magique, à une temporalité autre, ponctuée de symboles et d’animisme. Thomas de Thier joue avec la notion de temps et l’émotion, ses protagonistes se perdent, se diluent peu à peu dans l’espace avec les éléments. Il prend le temps de tisser sa toile, à la manière des grands cinéastes asiatiques, Kitano ("Hana-bi") ou Imamura ("La ballade de Narayama") à contre-courant de films au montage nerveux et au rythme haletant. Aux impatients, on dira passez votre chemin.

Demi-deuil
L’histoire tient en quelques mots. Chaque année, le 3 juin, Michel et Jeanne se retrouvent en forêt pour pique-niquer. L’occasion de commémorer un deuil, mais surtout de se retrouver et d’aller aux papillons pour tenter de rencontrer le grand nègre, un papillon rare. "Le demi-deuil, le satyre et la mégère, le grand nègre" sont autant de chapitres du film qui se lit comme un album animé d’apparitions espiègles, mythologiques, de femmes d’estampes japonaises, avec maints détails amplifiés sous l’œil du cinéaste naturaliste. Au cœur du dernier voyage, Michel et sa femme croisent un elfe en tutu, des enfants-abeilles, des crocodiles en plastique, des férus de botanique ; l’humour du cinéaste s’insinue dans les moindres scènes cocasses et s’attarde avec tendresse sur les choses de la vie.

Tendresse de l’âge
Après "Des Plumes dans la tête", son premier long métrage, Thomas de Thier imagine la fin de la vie comme une fusion avec les éléments. On aimerait ressembler à ces deux vieux admirables, à presque 90 ans : Michel Piccoli et Natasha Parry incarnent un couple qui s’est aimé, a connu les tourments, s’est séparé puis retrouvé. Ils s’écoutent, se taquinent, se plaisent, se cherchent encore. Ils sont prêts à partir dans la sérénité. "Le goût des myrtilles" est l’anti "Amour" d’Haneke : là où l’autrichien enferme un couple dans l’attente de la mort et l’étouffement, de Thier immerge son duo dans une forêt, ouverte au plaisir des petites choses, jusqu’à l’apothéose. Un film qui fait du bien, ce n’est pas courant.

V. Nimal

Proximus TV est co-producteur du film "Le goût des myrtilles". Il a été présenté au FIFF à Namur.
Avec Michel Piccoli, Natasha Parry. Augustin Legrand, Gil De Thier. Sortie le 15 octobre 2014.

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Découvrez aussi notre dossier consacré à Michel Piccoli, 88 ans, une vie au cinéma.

 

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