La Vie d’Adèle : Palme en toc ou en or ?

De Pauline

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Ce mercredi 9 octobre 2013 sort en salle un film qui a déjà connu le sommet de la gloire lors de sa présentation à Cannes, avant d’endurer des lendemains obscurs avec le ping pong de critiques entre les différents protagonistes.
À l’heure de sa sortie, le film est en équilibre sur un fil. La Vie d’Adèle - Chapitres 1 & 2 est-il vraiment ce chef-d’œuvre encensé à Cannes ou le dernier caprice poétique d’un réalisateur tyrannique ? Fin du suspense.

Le poids de la polémique

Si le tiercé gagnant a fêté son succès en grande pompe sur la Croisette en remportant non pas une mais trois Palmes d’Or (Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux pour leur prestation et Abdellatif Kechiche pour son film), il s’est réveillé avec une douloureuse gueule de bois suite aux révélations anonymes de l’équipe du film. Plusieurs techniciens se sont plaints des méthodes de monsieur Kechiche, peu à cheval sur les principes de droit du travail.
Mais cette première querelle n’était que le calme avant la tempête, déclenchée quelques mois plus tard par des révélations de premier plan. Lorsque les deux jeunes filles qui se partagent la une de tous les magazines évoquent à demi-mot des conditions difficiles, elles sont prises en flagrant délit de trahison. Et contrarient sérieusement la glorieuse trajectoire du film. Quoique.

Sans mesurer leur geste, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux ont mis au placard les photos souvenir sur lesquelles elles remercient leur mentor à coup de tendres baisers sur la joue. Abdellatif Kechiche n’a pas apprécié. Et a répliqué. C’est un peu l’arroseur arrosé, car au grand dam du réalisateur lui-même, il est devenu impossible de découvrir son dernier film sans a priori. On entre forcément dans la salle en pensant qu’il est (peut-être) l’œuvre d’un manipulateur, mais une once de curiosité malsaine nous pousse à venir le vérifier.

L’histoire

La Vie d’Adèle, Chapitres 1 & 2 raconte la rencontre passionnée entre une lycéenne (Adèle) et une étudiante en arts-plastiques (Emma). Après une relation hétérosexuelle avec un autre lycéen, Adèle se met à fantasmer sur cette fille plus âgée qu’elle a croisée en rue. Affichant une chevelure bleue et une assurance mystérieuse, Emma intrigue Adèle, alors aux prises avec les grandes questions adolescentes. C’est le coup de foudre, puis le passage par l’acceptation de soi pour Adèle.
Décrite sur plusieurs années, cette relation en dents de scie traverse les étapes « classiques » d’un premier amour entaché par les différences d'émotions et d’ambitions, qu’elles soient intellectuelles ou sociales.

L’amour au féminin

Il est rare de voir deux jeunes filles se plaire, se séduire, s’aimer et se défaire à l’écran. Et cela fait du bien ! En raison de la longueur du film, on se sent témoin de cet amour vibrant. On suit littéralement Adèle de si près (la caméra semble parfois la frôler) que l’on se sent impliqué dans ses questionnements, ses états d’âme et ses choix de vie. On suit chaque étape de son évolution et sa transformation physique ; une mutation discrète en véritable femme, filmée en quatre mois seulement.
On souffre avec elle quand ses amies la renient, on comprend qu’elle se taise en famille, on frémit quand elle crie. On s'identifie au point de se demander comment les choses auraient tourné si, adolescente, une fille aux cheveux bleus avait fait battre notre cœur comme aucun garçon auparavant.

L’éducation sexuelle

L’étreinte entre Adèle Exarchopoulos et son flirt du lycée, incarné par Jérémie Laheurte (devenu son vrai petit-ami), est filmée de telle sorte qu’il est difficile de distinguer leurs corps. Une proximité inhabituelle qui démystifie l’acte sexuel.
La technique est par contre toute différente lorsqu’il s’agit des ébats homosexuels. Loin d’être expédiés, les rapports entre Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux sont exposés durant de longues minutes et avec recul. Un cadre espace-temps qui crée volontairement le malaise dans la salle, laissant tout le temps aux spectateurs pris en otage de réaliser la difficulté de l'exercice pour les actrices.

Le bleu est une couleur chaude

Le film est librement inspiré des aventures de Clémentine, dans la bande-dessinée « Le bleu est une couleur chaude », de Julie Maroh. C’est d’ailleurs ce titre qui est utilisé pour la diffusion du film à l’étranger : Blue is the Warmest Color.
Si Emma a les cheveux teints en bleu durant le début de sa relation avec Adèle, elle change de coiffure dès que l’on fait un saut dans le temps. En réalité, si l'on y prête attention, on peut relever de nombreuses touches bleutées disséminées à travers la lumière, les costumes et les éléments de décor.

Adèle

Au vu de leur récompense à Cannes, ainsi que de leur médiatisation égale (voire à l’avantage de Léa Seydoux), on pourrait penser que les deux actrices se partagent l’écran tout le long. Pourtant, c’est bel et bien de la vie d’Adèle dont il est question, et c’est cette dernière qui transcende l’écran. Sa prestation à elle seule donne des frissons. Durant la première des trois heures de film, Léa Seydoux ne fait d’ailleurs qu’une rapide incursion. Bien sûr, les deux actrices fonctionnent en duo et leur complicité explique sans doute le fait qu’Adèle Exarchopoulos ait pu transmettre tant de réalisme. Mais c’est elle qui, merveilleusement dirigée, fait de ce film un chef-d’œuvre digne d'une Palme en or massif.
 
P. DB
 


LA VIE D'ADELE - Bande-annonce VF

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