Harry Potter est devenu grand. Interview de Daniel Radcliffe

Dans le film Kill your darlings, que j’ai vu lors de la première à la Mostra, il interprète brillamment le poète Allen Ginsberg à ses débuts. C’est une histoire d’amitié, d’amours homosexuelles, accordées à la découverte de l’écriture et de la drogue… thèmes que l’acteur a abordés lors de la présentation du film à Venise. Kill your darlings est centré sur la relation qui unissait Allen Ginsberg, Jack Kerouac et Lucien Carr à Columbia University. A noter aussi qu’un autre acteur phare vient rehausser le casting du film, Michael C. Hall (le formidable Dexter).

J’ai pu lui poser quelques questions lors de la 70e Mostra, lundi 2 septembre. L’acteur est arrivé dans une ambiance de foule en délire, faisant barrage autour de la Disaronno Contemporary Terrace (sponsor du festival) où avait lieu la rencontre avec une poignée de journalistes.

Moments forts de l’interview
Quand on lui demande comment s’est passé le tournage avec le réalisateur, John Krokidas, et les acteurs principaux, Dane DeHaan (Lucien Carr) et Ben Foster (William S. Burroughs), Daniel R. semble heureux de l’expérience. « Nous sommes devenus amis. Dane est l’un des acteurs qui m’a le plus impressionné et Ben est parvenu à injecter un certain chaos dans le tournage, d’une façon constructive”.

Dans la peau de Ginsberg
Comment entrer dans la peau d’Allen Ginsberg, l’un des plus célèbres poètes américains ? Daniel R. a relevé le challenge en apprenant à gommer son accent britannique, et en plongeant dans la poésie de l’auteur. L’acteur « aurait pu jouer n’importe quel autre rôle, de n’importe quelle nationalité ». Pour interpréter Ginsberg, Radcliffe a voulu savoir quels étaient ses désirs, ses passions.

Techniques d’acteur
Dans Kill your darlings, Daniel R. semble à l’aise avec son personnage, qui découvre l’homosexualité et une vocation pour la poésie. Pour interpréter Allen Ginsberg, il a « bossé avec le réalisateur sur de nouvelles méthodes d’interprétation, qui lui ont permis d’innover et d’aller plus loin ». Daniel ajoute : “la technique Meisner est fort utile, parce qu’elle vous fait arrêter de penser à votre performance d’acteur. Elle vous permet de vous concentrer sur le personnage que vous incarnez.” “Dane a utilisé la même technique de jeu, et je suis fier de l’alchimie qui est née entre nous.”

Son leitmotiv
“Si vous faites ce que vous avez toujours fait, vous retrouvez ce que vous avez toujours obtenu.” Tel est le crédo de Daniel Radcliffe. Il explique : "Bien que j’aie déjà obtenu beaucoup de choses fantastiques dans ma vie, je veux continuer d’évoluer, devenir un meilleur acteur, en me poussant dans de nouvelles directions."

L’enfant star
Avant même de devenir un acteur, Daniel R. était un enfant star. Est-il né acteur ? A cette question, Radcliffe répond “J’ai aimé chaque seconde depuis mes premiers pas dans le cinéma. A 9 ans j’ai été propulsé dans ce monde. Le 17 juillet 1999. Je me souviens exactement de cette date, et combien j’ai aimé ça.” « Peut-être ai je reçu cette capacité (ce talent) à ma naissance, mais j’ai toujours voulu m’appliquer pour qu’on ne m’enlève pas la chance de jouer.”

La Beat Generation
Bien sûr, l’acteur a lu les auteurs de la Beat Generation. A 14 ans, Daniel R. a un choc en lisant Naked Lunch. Le livre de William S. Burroughs l’a  profondément marqué, même si, dit-il malicieusement, il n’a pas tout compris ». De Ginsberg, il a “adoré Howl et aussi Kaddish », une méditation sur la mort de sa mère, écrite sous amphétamines.  Une mère borderline, possessive et malade, qui pèse de tout son poids sur le jeune écrivain et joue un rôle clef dans le film.

Drogues et créativité
Dans Kill your darlings, Ginsberg fait éclore sa créativité et s’expose à tous les dangers. Difficile d’aborder ce thème avec l’acteur, qui a souffert d’alcoolisme et est devenu abstinent. Radcliffe évite d’en parler, tout en précisant que “Ginsberg était très curieux, comme lui »… « Tout le monde est passé par une période d’expérimentation durant l’adolescence… »
« Kerouac et Ginsberg ont raconté leurs expériences, comme beaucoup d’autres écrivains, cependant, la conclusion est que cela ne les a menés nulle part.  Je crois que c’est un mythe, l’alcool n’inspire pas la créativité. »

Les droits des gays
Enfin, quand je lui demande ce qu’il dira à Vladimir Poutine, si son film sort en Russie, Radcliffe sourit et conclut : « Bien sûr que j’irai ! Je manifesterai avec les Pussy Riot sur la Place rouge, en faveur des droits des homosexuels”. En fin de compte, ce film évoque "la liberté d’être soi, de choisir sa propre voie". Un chic type, ce Radcliffe.

V. N.

"Kill your darlings", un film de John Krokidas, présenté hors compétition à la Mostra de Venise.
Les photos du tapis rouge à la Mostra de Venise.