J'ai tué ma mère : Savourons le bord de crise de nerfs

De Tanguy

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Xavier Dolan a 17 ans lorsque il écrit le scénario de son premier film, et 19 à peine lorsque il termine de le réaliser. Prodige ou nouveau produit dérivé du star system ? La question ne se pose même plus au terme de l'heure et demie que dure le film. A la fois derrière et devant la caméra,  le québécois  brille et irradie de sa lumière insolente, à la fois blafarde et divine.

J'ai tué ma mère  nous raconte l'histoire de Hubert Minel qui comme bien des adolescents n'aime pas sa mère. Du haut de ses 17 ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Mais par dessus le marché, il ne supporte plus la manipulation, la culpabilisation ainsi que la protection rapprochée pratiquées par sa génitrice.

En partie autobiographique, l'auteur s'est inspiré de la relation vécue avec sa mère pour écrire son scénario : " C'est autobiographique dans le sens où j'ai moi-même eu une relation houleuse avec ma mère et que, maintenant que je vis seul, on s'est rapproché. Il y a eu un épisode adolescent de ma vie qui a été caractérisé par ma révolte contre ma mère et contre les différences abyssales qui nous divisaient." Et c'est avec hargne, haine, et pourtant avec passion que Xavier Dolan interprète ce rôle qu'il s'est taillé sur mesure, le tout en enveloppant son histoire d'une mise en scène travaillée et soignée, esthétiquement incroyable pour un réalisateur si jeune.

Et si les protagonistes s'entre-déchirent avec une violence rare de scène en scène, on ne peut s'empêcher de se dire : « ces deux-là s'aiment de tout leur coeur », mais voilà, trop d'amour semble tuer l'amour, et lorsque deux têtes de mules s'affrontent, les tentatives d'armistice tombent à l'eau dès l'instant ou elles naissent.

Il est a noter que la bande-son est elle aussi très bien choisie et revêt les images à merveille : Noir Désir, Crystal Castles, Vivaldi,... De plus, l'accent québécois possède un certain charme qui ajoute, malgré nous, une petite touche d'humour au film.

En mai 2009, le film est sélectionné lors de la 41e Quinzaine des réalisateurs, à Cannes et remporte trois prix sur quatre de cette section parallèle du Festival de Cannes. Il obtient le prix Art et Essai remis par la Confédération internationale des cinémas d'art et d'essai , le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques  pour le scénario et le prix Regards Jeunes pour les longs métrages.

Un premier film réussi, insolent et (im)pertinent, confirmant  Xavier Dolan comme une étoile montante, tant en tant qu'acteur que en tant que réalisateur. A conseiller à tout les adolescents aux cheveux longs et aux mères névrosées au bord du pétage de plombs.

Tanguy Labrador Ruiz


J'ai tué ma mère de Xavier Dolan. 95'.
Diffusé sur La Trois le mercredi 3 juillet à 21h05.
Pour plus d'infos, consultez le guide TV de Skynet.be.

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