In memoriam Toots Thielemans

Musique | Le musicien et compositeur de jazz Toots Thielemans est mort ce 22 août. Il avait 94 ans. Le plus célèbre musicien de jazz belge de tous les temps avait définitivement abandonné son harmonica en 2014, après une carrière de plus de 70 ans. La légende du jazz avait été élevée au rang de baron par le roi Albert II en 2001.

De Pickx

Publié le 22.08.16

2min

Le musicien et compositeur de jazz Toots Thielemans est mort ce 22 août. Il avait 94 ans. Le plus célèbre musicien de jazz belge de tous les temps avait définitivement abandonné son harmonica en 2014, après une carrière de plus de 70 ans. La légende du jazz avait été élevée au rang de baron par le roi Albert II en 2001.

Talent précoce

Toots Thielemans est né sous le nom complet de Jean Baptiste Frédéric Isidor Thielemans le 29 Avril 1922 dans le quartier populaire des Marolles. A 3 ans, il jouait déjà de l’accordéon. Dans les années 30, il a commencé à jouer de l'harmonica pour faire travailler ses poumons parce qu'il souffrait d’asthme. Pendant l'occupation allemande, Thielemans est tombé sous le charme du jazz. Le guitariste de jazz belge Django Reinhardt a été sa première influence majeure, au point que le « ket » des Marolles s’était mis à la guitare.

Toots

Jean Baptiste n’est pas vraiment un prénom qui « swingue » pour un musicien de jazz. Son nom de scène, Toots, est un hommage aux musiciens Toots Mondello et Toots Cara Mata.

Percée internationale

Après la guerre, il part en tournée européenne avec Benny Goodman. Sa véritable percée internationale sera pour 1950. En 1951, il fait partie en tant que guitariste du groupe qui accompagne le chanteur belge Bobbejaan Schoepen. Mais il faudra attendre les années ’80 pour qu’il obtienne enfin toute la reconnaissance qu'il méritait.

Collaboration avec les plus grandes stars du jazz

En 1952, Toots Thielemans émigre aux États-Unis, où il joue rapidement dans la formations de Charlie Parker et dans le quintet de George Shearing. Il a ensuite travaillé avec les plus grands noms du jazz : Charlie Parker, Herbie Hancock, Peggy Lee, Ella Fitzgerald, Quincy Jones, Bill Evans, Jaco Pastorius, Elis Regina, Pat Metheny et des musiciens pop comme Billy Joel ou Paul Simon.

Américano-Marollien

C’est aux États-Unis que Toots obtiendra finalement la reconnaissance qui se faisait attendre en Belgique. D’où sa décision, en 1957, de demander la nationalité américaine. En 1964, il acheta une maison aux States, où il vécut la plupart du temps. Mais Toots n’a jamais cessé de se sentir profondément Bruxellois, en vrai ketje de Marolles.

Un nouveau son

Toots Thielemans a créé un son instantanément reconnaissable, en sifflant et en jouant de la guitare à l’unisson. Une technique virtuose qu’il a également appliqué pour la bande sonore du film « Turks fruit ». Autre exemple de cette technique qui n’appartenait qu’à lui: le morceau 'Bluesette’, composé en 1962 qui est devenu un succès dans le monde entier. Un morceau que Toots appelait parfois en plaisantant son « fonds de pension ».

Harmonica

Cependant, il doit l’essentiel de sa célébrité à son instrument de prédilection, l'harmonica, auquel il (re)donné une place centrale dans le monde du jazz. Le plus grand mérite de Toots Thielemans est sans doute sa capacité à séduire un large public avec son harmonica, quelle que soit la musique qu'il jouait, jazz ou autre. Toots avait sa propre explication de cette popularité: «Il doit y avoir quelque chose dans ce son qui touche les gens directement au cœur."

Musiques de film

Toots a également composé de nombreuses musiques de films dont, entre autres, « Midnight Cowboy », « The Getaway », « Sugarland Express », « Cinderella Liberty », « Turks Fruit » et « Jean de Florette ».

Distinctions honorifiques

En 1997, Toots Thielemans est fait Commandeur de l'Ordre de Léopold II, en dépit de sa nationalité américaine. Quatre ans plus tard, il reçoit le titre de baron et devient Docteur honoris causa des deux Universités libres de Bruxelles (ULB et VUB). La même année, au North Sea Jazz Festival de La Haye, il reçoit le Jazz Edison Award pour l'ensemble de sa carrière. En 2008, aux Etats-Unis, il est nommé Jazz Master par la National Endowment for the Arts, la plus haute distinction que peut obtenir un musicien de jazz en Amérique.